Pratique du Calcul intégral
Nous allons ici aborder quelques méthodes pour calculer des primitives d'une large classe de fonctions.
Intégrale indéfinie
Soit
continue. On note
l'une quelconque des primitives
de
, définie à une constante près que l'on ajoute toujours explicitement.
Exemple
. Ici,
, on peut donc avoir des constantes différentes sur
et sur
. Autrement dit,
est une fonction constante sur chaque sous-intervalle de
.
On dit que
est l'intégrale indéfinie de
, alors que
s'appelle intégrale définie.
Remarque On utilise la notion d'intégrale indéfinie comme synonyme de primitive. On pourrait faire une distinction plus rigoureuse en définissant l'intégrale indéfinie
comme l'une quelconque des fonctions de la forme
, ou
n'est pas spécifié. (C'est ainsi qu'on la détermine et qu'on l'utilise, dans l'esprit du sous-chapitre qui précède.) Les deux définitions sont équivalentes au détail près qu'on n'obtient alors pas toutes les primitives par les intégrales indéfinies: en effet, en changeant la borne inférieure
on ne peut pas obtenir toutes les constantes, si
est borné ou si les primitives de
sont bornées, si
est finie.
Primitives des fonctions usuelles
Par dérivation, on vérifie aisément la validité des relations données dans le tableau
. De même, on vérifie par dérivation (règle de chaîne!) que
| avec |
Cette formule sera étudiée plus en détail dans le paragraphe
. Elle permet d'utiliser les formules élémentaires ci-dessus pour toute une classe de fonctions élémentaires «composées». Son application notamment au cas
(et donc
) est immédiate et donne:
Intégration par parties
Proposition Pour
, on a
Démonstration On a
Remarque Cette relation est souvent utilisé pour diminuer successivement le degré d'un polynôme
qui multiplie une fonction
que l'on sait intégrer.
Elle sert aussi pour l'intégration des expressions faisant intervenir les fonctions trigonometriques, où l'on retombe sur la fonction d'origine après deux intégrations.
Elle sert aussi pour l'intégration des expressions faisant intervenir les fonctions trigonometriques, où l'on retombe sur la fonction d'origine après deux intégrations.
Exemple Calculons la primitive
. On posera deux fois successivement
:
Exemple Calculons la primitive
. On posera successivement
, puis
:
Formule de Taylor avec reste intégral
Comme application importante de l'intégration par parties, démontrons le
Théorème [formule de Taylor avec reste intégral]
Pour
et
, on a
Théorème [formule de Taylor avec reste intégral]
Pour
| (4) |
(Rappel: on note
Cette formule de Taylor avec reste intégral est historiquement la première parmi les différentes formules de Taylor (cf. chap.
, page
), trouvée par Monsieur Brook Taylor (1685-1731).
Elle sert pour le calcul de développements limités qui seront étudiés au chapitre suivant. Elle donne une approximation polynômiale de la fonction
au voisinage de
: en effet, si
est proche de
, alors les termes de la forme
deviennent très petits, d'autant plus que
est élevé. Le dernier terme, appelé «reste intégral» du développement, tend encore plus vite vers zéro que
(comme on le démontre au chapitre
).
Démonstration Pour
, la formule est vraie: en effet, elle s'écrit dans ce cas
Supposons maintenant (
) vraie pour un certain
, et que
admette une dérivée
continue sur
. Ainsi, les deux facteurs dans le reste intégral vérifient les conditions suffisantes pour pouvoir faire une intégration par partie, avec
et
. Alors
Changement de variable d'intégration
Proposition Soit
continue et
un difféomorphisme, une bijection telle que
et
soient continûment dérivables. Dans ce cas,
Démonstration Il faut et il suffit de montrer que
a comme dérivée
. Or, d'après la règle de chaîne, on a
Applications -- Disposition pratique:
Ce théorème permet de calculer
si l'on sait calculer
, ou réciproquement. Il est à la base de tout «l'art de l'intégration », qui consiste à trouver les bons changements de variables
.
Dans la pratique, on écrit alors
Exemple Calculons la primitive
sur l'intervalle
. Posons
. C'est justifié car
est une bijection différentiable de
sur
, et la fonction réciproque
est également dérivable à l'interieur de cette intervalle. D'où
Remarque Il faut s'assurer que la fonction
est effectivement une bijection, généralement en considérant ses propriétés de monotonie. Dans le cas echéant, il faut découper l'intervalle d'intégration en des sous-intervalles sur lesquels
est monotone.
Formule de la moyenne généralisée.
Comme application intéressante des changements de variable, considérons le
Théorème [de la moyenne, généralisé.] Soient
et
sur ][a,b. Alors,
Exercice Démontrer ce théorème, en étudiant la fonction
pour justifier le changement de variable
.
Solution: La fonction
est bien définie (
intégrable car continue) et dérivable sur
, avec
sur
. Donc
est strictement croissante sur ][a,b, et idem pour
, qui est donc bijection de
sur
.
est dérivable et
. Ainsi on peut faire le changement de variable pour passer de
à
:
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