Développements limités : définition et propriétés
Les développements limités consistent grosso modo à trouver une approximation polynômiale à une fonction plus compliquée, au voisinage d'un point choisi. Ils ont de nombreuses applications dans d'autres sciences (physique,...), mais aussi dans les mathématiques elles-mêmes, en particulier en analyse numérique.
D.L. d'ordre en
et
Exemple [fondamental] , donc admet un de partie régulière et de reste.
Remarque On permet le cas , mais les seuls cas utiles sont ceux ou (adhérence de ), par exemple ou .
Remarque Il faut insister sur le fait qu'un développement limité est une stricte égalité mathématique, il ne faut donc jamais «oublier» le reste en faveur de la partie régulière. D'ailleurs, dans certains cas le reste peut être plus intéressant que la partie régulière.
Remarque Comme la formule simplifie pour , on se ramène souvent à ce cas en considérant , en faisant un changement de variables , puis un , dans lequel on resubstitue finalement .
Corollaire (Conséquences de la définition.) -- On se limite ici aux cas ou est un intervalle, éventuellement privé du point .
- Si admet un DL en , alors admet une limite en , égale à . Si , cela implique que est continue en . Sinon, admet un prolongement par continuité en (en posant ), dont le DL coïncide avec celui de .
- Si admet et , alors est dérivable en et .
Exemple Pour , , n'est pas définie en 0 mais admet un (de partie régulière nulle et avec ) et donc une limite (nulle) et donc un prolongement par continuité en 0. Pour , ce prolongement est dérivable en 0 ( partie du corrolaire) (avec ), mais la dérivée n'est pas continue en 0 si : en effet n'admet pas de limite en 0 pour .
Remarque L'exemple précédent montre que même si admet un DL à un ordre aussi élevé qu'on veut, cela n'implique jamais que la dérivée soit continue, et donc encore moins que la fonction soit deux fois dérivable! (Prendre arbitrairement grand dans l'exemple .)
Unicité du D.L.
Lemme [troncature] Si admet un de partie régulière , alors admet , dont la partie régulière sont les termes de degré de .
Démonstration Exercice facile: il suffit de montrer que les termes avec peuvent s'écrire comme reste d'ordre :
Démonstration (par recurrence). Pour , et sont déterminés de façon unique. Supposons que le de est unique, et que admet un , . D'après le Lemme qui précède, avec est un de . D'après l'hypothèse de récurrence, ainsi que le reste sont uniques. Or,. Ce coefficient, et sont donc également uniques.
Remarque Autre démonstration: soit , avec et . En considérant de l'équation précédente, on a . Si , on peut alors soustraire de cette équation, la diviser par (pour ), et on repart du début avec une équation du même type mais avec diminué d'un rang, de laquelle on déduit , etc... Quand enfin on arrive à , ayant identifié le terme constant et soustrait des deux membres, l'équation devient , d'où également l'unicité des restes.
Démonstration paire , donc (en comparant partie régulière du de et de ).
Existence des D.L. -- Formules de Taylor
Dans ce paragraphe, on affirme l'existence du D.L. pour les fonctions suffisament dérivables, et on précise en même temps une expression explicite des coefficients de la partie régulière en terme des dérivées de la fonction au point du D.L.
Théorème [de Taylor-Lagrange] Si est fois continûment dérivable sur , alors admet un de partie régulière
Remarque A titre mnemotechnique, le reste d'ordre a donc la même expression qu'un terme d'ordre de la partie régulière, sauf que le «coefficient» n'est pas une constante dans la mesure ou le point ci-dessus dépend de .
étant continue donc bornée sur , on a que tend vers zéro, c'est à dire .
Remarque On peut montrer que le théorème reste vrai sous la condition moins forte que existe et soit fois dérivable sur .
Par exemple, , admet un de partie régulière nulle et de reste . La dérivée n'est pas définie en 0, mais le reste peut néanmoins s'exprimer comme avec .
La formule avec reste intégral reste en effet vraie dans ces conditions, mais le est en général une intégrale impropre, définie comme , qui converge (C'est à dire cette limite existe et elle est finie), car la primitive s'exprime en termes de qui est continue par hypothèse.
(Dans l'exemple précédent, on a l'intégrale impropre qui converge car la primitive admet une limite en 0.)
Par exemple, , admet un de partie régulière nulle et de reste . La dérivée n'est pas définie en 0, mais le reste peut néanmoins s'exprimer comme avec .
La formule avec reste intégral reste en effet vraie dans ces conditions, mais le est en général une intégrale impropre, définie comme , qui converge (C'est à dire cette limite existe et elle est finie), car la primitive s'exprime en termes de qui est continue par hypothèse.
(Dans l'exemple précédent, on a l'intégrale impropre qui converge car la primitive admet une limite en 0.)
Remarque Dans le cas particulier (mais fréquent) où , et en posant avec , la formule de Taylor-Lagrange s'appelle formule de MacLaurin:
Une autre version de la formule de Taylor, nécessitant une hypothèse moins forte, mais donnant un résultat plus faible, est le
Théorème [Taylor-Young] Si existe, alors admet de partie régulière
Théorème [Taylor-Young] Si existe, alors admet de partie régulière
Application : D.L. de quelques fct élémentaires
En utilisant la formule de Taylor, on obtient les DL(0) des fonctions élémentaires donnés ci-dessous, où représente une fonction inconnue de la forme, avec .